L’aventure, celle qu’il vaudrait mieux laisser passer lorsqu’elle arrive, tout plutôt que de s’embarquer dans ces plans où l’hypothèse que la mort vienne taper la discute avec vous pour l’éternité est assez importante, 70 % environ, ça donne quand même un grand nombre. Sans parler du fait que l’éternité ça a beau avoir l’air sympa, mourir trop tôt c’est d’un intérêt moindre. Ethan n’en menait pas large aujourd’hui, la moue sur son visage ne laissait que très peu de place à l’emballement, il était juste las de cette aventure qui démarrait pourtant si bien. Il vaut mieux tout recommencer depuis le début.
Il y a de cela douze heures précisément, il était dans le camp Grec, nullement pour apprendre aux alliés potentiels à se battre, peine perdue il laissait ça aux autres. S’il était sur le camp Grec, c’était uniquement pour rester avec leur alcoolique de service, la tite blonde au soleil parce qu’à l’ombre ça tirait sur le brun, un joli brun. Quoi qu’il en soit, ses intentions n’étaient absolument pas de l’entraîner au combat et encore moins de lui faire porter une arme, trop de risque qu’elle lui balance dessus pour récupérer sa gourde. Oui Skye O’Reilly était la fille la plus inquiétante au monde d’après Ethan, elle sortait de tous les schémas de fille qu’il avait en tête depuis sa naissance et sa curiosité naturelle le poussait à l’observer pour essayer de comprendre le fonctionnement de la jeune fille, très mignonne et au cul… ok on va passer ce passage là pour aujourd’hui. Aussi, lorsqu’un Romain débarqua dans le camp comme un dératé, Ethan lança un regard pétillant à la jeune demoiselle accompagné de la phrase bien macho et bien agaçante pour les autres, comme quoi le devoir n’attend pas. En rejoignant son camarade, posant une main sur son épaule pour qu’il cesse de bouger la tête, cette attitude rappelant bien trop Saphir. Saphir, il ne savait plus quel sentiment triomphait pour la demoiselle, est ce qu’il la haïssait toujours autant ou l’appréciait il finalement, difficile à dire, il ne voulait pas la voir, voulant garder ce rêve comme quelque chose n’appartenant qu’à lui. Le pauvre Romain Brutus, ou Marcus ou peut être Thelonius, un nom en Us quoi, semblait sur le point de cracher ses poumons. A croire qu’il y avait mort d’homme, ne jamais faire ce genre de vanne avant de savoir de quoi il en est. Peu importe, Ethan le suivit jusqu’au miroir, un peu attristé, même s’il ne le reconnaîtrait sans doute jamais, de partir sans avoir dit au-revoir à son joli petit cul.
Une fois au camp Romain, machin en us le guida jusqu’à Reyna, aussitôt l’abattement prit le dessus sur toute autre émotion chez Ethan. Il était évident qu’ils n’entraient pas en guerre et que le fait qu’Ethan se retrouve chez les Grecs n’était pas un problème. Donc, Reyna avait autre chose à dire et ce n’était pas des plus rassurants, poussant la lourde porte de bois, jetant un regard en arrière pour se rendre compte que Bidulus ne le suivait pas, dommage. En entrant, Aurum vint japper à ses pieds, fidèle animal de compagnie, Reyna n’était pas seule, réunion de la cohorte numéro deux ? Sympa ? Entre hauts gradés ? Si c’était le cas, que faisait Ethan ici ? Il vint quand même s’installer avec les deux filles et apprit au bout de quelques instants qu’un ancien légionnaire de la cohorte deux, impossible de se souvenir de lui, soit dit en passant, avait des problèmes. Ethan fronça les sourcils, sentant la mission lui tomber sur le coin du nez et pourtant, il était motivé, comme toujours. Il s’empressa d’ailleurs d’accepter, avant même que Reyna pose la question, ou réussisse à la terminer. Aucun souci, il voulait bien aller dans San Francisco pour dégoter l’appartement d’Enzo. Un instant, son regard se posa sur Diana, faire équipe avec Diana, une première, à choisir, peut-être aurait-il préféré être avec Reyna mais c’était logique en soi. Bien que sa camarade Romaine soit douée au combat, elle venait d’un autre temps et il ne la connaissait pas aussi bien qu’il connaissait Reyna. De plus, elle n’était pas toujours sur le camp Romain et pas non plus chez les Grecs vu qu’Ethan y allait de plus en plus, à son grand désespoir. Néanmoins, elle avait été Préteur du camp et de par ce poste, elle était forcément digne de confiance, bien plus calé que lui et il ne pouvait que s’enorgueillir de faire équipe avec une fille aussi prestigieuse.
Ainsi, les deux comparses s’éloignèrent du camp Romain côte à côte. Ethan gardait le silence, essayant de faire marcher sa mémoire pour se souvenir d’Enzo, tellement concentré qu’il manqua le coche et faillit louper Diana qui tournait dans une rue un peu moins animée. Ouai, il lui avait laissé la carte, sans raison particulière. Il la suivit docilement dans les escaliers, détestant le bruit du bois grinçant sous leurs chaussures. En premier lieu, il y avait quelque chose d’étrange, la porte était ouverte, il y avait aussi ce sifflement étrange comme lorsqu’un légionnaire se prenait un glaive dans le ventre, par inadvertance, et qu’il suffoquait. Ethan passa donc devant pour rentrer, allumer la lumière, peinant à s’habituer de ce fait. Sa gorge se serra en constatant le carnage et posa deux doigts au niveau du cou du camarade Romain, cherchant un pouls qui ne viendrait plus jamais. Le visage fermé par la déception, il conclue d’une voix faible.
« On arrive trop tard. »
Pourtant, il y avait toujours ce sifflement qui percutait ses oreilles sans cesse. Se relevant puisque le gars ne risquait plus d’être sauvé de quoi que ce soit, il fit le tour de l’appartement, sur ses gardes, la spatha dégainée afin de palier à toutes les éventualités. C’est alors qu’il la vit, une jeune femme recroquevillée en chien de fusil qui peinait à respirer, pire que ça, la mare de sang autour d’elle ne laissait guère de doute sur le fait qu’elle était blessée, voir bien amochée. Afin de laisser au chef de mission son rôle, il l’interpela rapidement.
« Diana, on a quelqu’un de vivant mais pas pour longtemps. »
Après coup, il s’accroupit au côté de la demoiselle et passa sa main sur ses cheveux, descendant jusqu’à sa nuque pour la caresser en douceur, essayant de lui insuffler du courage et lui faire prendre conscience qu’elle n’était pas seule. D’après lui, elle ne passerait pas la soirée, ses doigts se tachèrent de sang bien trop rapidement pour qu’il soit optimiste sur la vie de la personne, néanmoins, il ne fit pas le moindre commentaire.
AVENGEDINCHAINS