A l'aide, s'il vous plait [Jaas]

Jaas ∞ Thomas

Un vent léger soufflait avec force contre les carreaux de la demeure, que même endormi, je reconnus comme la mienne, l’actuelle. Pourtant, je n’avais aucun intérêt pour les éléments du dehors, la seule chose qui m’intéressait était la personne assise dans le canapé et dont le tapement de pied distinct commençait, déjà, à me taper sur le système. D’un mouvement brusque, je me tournais vers elle et sifflai d’une voix rauque « ça suffit ! Je ne pouvais pas partir et laisser Saphir mourir. De plus, je rappelle à madame que si ses parents n’étaient pas des gros… » Son regard noir me coupa dans ma phrase et je ne la finis point, me contentant de la fixer avec agacement. Ce n’était quand même pas ma faute si ses parents étaient des gens peu recommandable. Je n’avais quand même pas demandé à ce que mon fils soit envoyé dans une pension à l’autre bout du pays. Déjà, rien que la logique, ça me dépassait, niveau qualité de protection, depuis que Reyna était à la tête du camp Romain, je trouvais que tout marchait comme sur des roulettes. Un peu de vantardise ne fait pas de mal, ma protégée était excellente dans son rôle et je ne pouvais qu’être fier de sa progression. Pour en revenir à Eliott, sujet de ce cauchemar, même si voir ma femme ne pouvait décemment par être nommé de la sorte, disons qu’elle était plutôt la personne me poussant à agir, mon inconscient l’utilisait pour me parler, à moins que son inquiétude existe encore chez les morts, je ne le savais pas et je me voyais mal demander à Joanna ce qu’il en était, pas tout de suite, il fallait à la jeune fille du courage pour se remettre dans la bain, nul besoin qu’un mari intéressé par le sort de sa femme vienne l’enquiquiner.
Le regard, très chef de guerre, de ma femme ne me quittait jusqu’à ce que sa voix froide, posée, sûre d’elle, dominante, inquiète et incroyablement sexy me déclara « Elle s’en sortira à présent, vas le chercher. » Cette phrase me fit basculer hors du domaine des rêves.

Un instant, je gardais le silence dans la chambre sombre, mon cœur sombra quelques secondes dans la douleur, j’avais beau savoir que mon esprit imaginait Melodie de toute pièce, le fait qu’il n’y ait pas la moindre trace de romance, pas le moindre mot d’amour, ni même de gestes affectueux me déplaisait fortement. De plus, la voir en rêve me disant ce que je savais déjà, provoquait en moi une culpabilité énorme. Il fallait que je récupère Eliott et rapidement. Je me levai donc et m’habillai avec des habits assez discrets, pas du tout dans le style Romain, les vêtements noirs, ce n’était pas non plus mon grand kiff dans la vie. Une fois hors de ma bâtisse, je passais à l’infirmerie vérifier que tout allait bien pour Saphir. Je posai sur la petite table de chevet à côté du lit, des médicaments. Je laissai une autre note, pour Reyna, sachant qu’elle viendrait ici, vérifier le moral de Saphir, si ce n’est son rétablissement, je recommandai à la jeune Préteur de ne pas hésiter à faire appel à Quinn si ça dégénérait. Pour le coup, je me fichais totalement que Quinn soit une Grecque, si Saphir faisait une rechute, je préférais avoir une médecin Grecque plutôt que de perdre ma patiente, comportement tout à fait logique. Une fois les notes posées, j’attrapais de l’ambroisie et en glissai quelques brins dans ma sacoche avant de sortir.

Je m’éloignai en quelques pas du campement Jupiter, pas tellement serein à vrai dire, je sortais rarement de cet endroit et jamais seul. Dans mes souvenirs, lorsque je faisais le mur, à l’époque, j’étais toujours accompagné de Melodie, ce qui rendait le danger moindre pour nous deux. Par la suite, j’avais toujours était accompagné de légionnaire ou d’amis, afin de n’avoir aucun problème, je n’étais pas encore assez stupide pour croire que je m’en sortirais sans aide. En revanche, ce que je savais, c’était que la vie d’un seul de ces légionnaires était assez importante pour que je ne la mette pas en danger pour mon fils unique. Pour peu que ça foire et que je condamne une vie par ma trouille de perdre Eliott, je ne le pardonnerais pas. J’avais les mains trop tâché de sang, celui de mon épouse, je ne pouvais pas prendre la vie de quelqu’un d’autres. Je dois reconnaître que malgré tout, j’aurais été rassuré d’avoir la présence de Sara à mes côtés ou de Roseann en fait, tout seul, j’étais tellement vulnérable que ça en était même risible. Je détestais totalement mes beaux-parents, c’était du beau que de m’envoyer à la recherche d’Eliott, non seulement ils avaient perdu leur fille, ils s’étaient séparés de leur petit-fils qui aurait fait un très bon centurion –vantardise de père oblige- et en plus ces boulets envoyaient presque au suicide le seul médecin de la légion, s’ils voulaient la perte d’une légion entière, il fallait le dire, j’avais des moyens moins douloureux et tout aussi efficace.

Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, au départ, parce qu’être un demi-dieu c’est limite se balader avec un panneau « BOUFFEZ MOI TOUS » sur la tête, ça peut paraître cool, mais ça ne l’est pas du tout. Et, pourtant, les ennuis, je m’y attendais, j’étais même au taquet si je peux dire, mon arme bien en main, prêt à en découdre jusqu’au moment où je vis cette espèce d’énorme bestiole une manticore. C’est un animal qui a l’air fort sympathique vu de très loin, un gros chat, ouai un lion pareil, mais de près, ça donne plutôt envie de hurler et de partir dans l’autre sens, toute personne normale ferait ça, fuir, c’est logique de fuir, mais c’est pas du tout Romain. Alors j’avoue, j’avais aucune chance et je trouvais cette façon de mourir naze, mais naze, regrettant même de mourir sans personne à mes côtés, pourtant je m’élançai, pas très rapidement, ma jambe me faisant défaut, grandement défaut. Je crois même que la manticore se fichait de ma tête, elle semblait morte de rire, à moins que le coup de patte qu’elle m’ait envoyé, projeté au passage sur un capot de voiture dont l’alarme se mis à sonner, me fit voir trente-six chandelles et la voir sourire, aucune idée. J’avais la tête qui tournait et j’eus un peu beaucoup de mal à reprendre mon arme au sol pour m’élancer à nouveau. Sérieusement, mais quelle galère, mais quelle mort pourri, mais qu’est-ce que j’avais fait, qui a l’idée de suivre son cœur plutôt que son instinct, qu’est-ce que je m’en foutais de mourir en Romain pour le coup, ne pas mourir du tout me semblait une solution bien plus logique.