You know it’s hard to carry on if you don’t love me anymore // feat Elena

Son bref passage express par Las Vegas n’avait finalement pas changé grand-chose à l’existence de Keith. Bien sûr, avoir découvert ce qu’était devenue sa mère avait été un coup dur mais en même temps, il ne s’était jamais attendu à la voir être devenue un modèle de sagesse et de vertu et donc n’était pas vraiment tombé de haut en découvrant qu’elle avait quitté l’Angleterre pour la carrière peu glorieuse de stripteaseuse dans un club miteux de seconde zone de la Capitale du jeu. Le fait qu’elle ne l’ai pas reconnu avait été un peu plus dur pour lui, même si la dernière fois qu’elle l’avait vu, il n’était encore qu’un gamin de 4 ans. Lui, même ne l’avait pas véritablement reconnue et n’aurait peut-être pas pu le faire s’il n’avait pas eu son nom.

Keith était donc rentré au camp et avait repris sa vie exactement là où il l’avait laissé avant sa courte escapade et cela lui convenait parfaitement. Ou presque du moins… Car si son voyage lui avait permis de définitivement fermer un vieux dossier de son passé, les problèmes de son présent eux étaient toujours là. Mais là aussi, il avait sincèrement l’espoir de pouvoir y remédier.

C’était d’ailleurs dans cette optique qu’il avait passé la majeure partie de son temps enfermé dans la forge depuis son retour, travaillant avec minutie sur la confection d’un poignard à la lame légèrement courbée. L’arme en elle-même lui avait demandé que plusieurs heures de travail, c’était les finitions qui lui en prenait bien plus. En effet le manche était entièrement décoré, tout comme le haut de la lame dont la décoration recherchée faisait en même temps office de petits canaux pour permettre au sang de s’écouler plus facilement. Un véritable travail d’orfèvre  mais Keith était connu à travers le camp pour son travail extrêmement soigné et détaillé.

L’arme était enfin terminée et après l’avoir polie au point qu’il soit capable de voir son reflet dans le métal, Keith la déposa dans un carré de tissus pour l’emballer et, avant de partir l’apporter à celle à qui il la destinait, il fit un saut par la douche histoire d’être tout de même un minimum présentable.

Trouver Elena à travers le camp Jupiter ne fut pas une mince affaire. Les lieux étaient immenses mais certains autres jeunes du camp finirent par le renseigner et c’est ainsi qu’il arriva un peu en dehors, dans une partie plus calme et se figea en voyant non loin Elena en pleine discussion, et plaisanteries à priori, avec d’autres gars de leur entourage. Amusement qui, pour un regard éloigné, ressemblait d’ailleurs un peu trop à du flirt. D’où il se trouvait, il ne pouvait pas entendre la discussion et en toute franchise, il n’en n’avait pas vraiment envie.

Avant Elena, Keith n’avait jamais été de nature jaloux. Ou tout du moins, c’était un sentiment auquel il n’avait jamais été confronté. Mais depuis qu’il était avec la splendide brune, il en apprenait l’amertume.

Serrant les dents, il se remit en marche pour rejoindre le petit groupe. En le voyant arrivé, les garçons se firent silencieux. Keith n’était certainement pas le gars le plus séduisant du camp, ni le meilleur combattant mais il avait le grand – c’était le cas de le dire – avantage de mesurer 1m90 et d’avoir forgé, littéralement, sa carrure et sa musculature en passant des années au travail particulièrement physique de forgeron. Ainsi, ce n’était pas forcément lui qu’on venait emmerder en premier quand on voulait charrier quelqu’un, imaginant la force de son bras, capable de levant un lourd marteau des heures durant, s’abattant poing fermé sur le visage de quelqu’un qui l’aurait poussé à bout.

Fusillant les gars du regard, Keith vint aux côtés d’Elena, baissant le regard sur elle. Les étalages de sentiments à grand renforts de baisers publiques et autres déclarations sirupeuse n’avait jamais été son truc et il avait cru comprendre que pour Elena, moins il se montrait démonstratif en publique et plus cela l’arrangeait. Mais cela ne l’empêcha pas de lui prendre doucement le bras en se penchant sur elle pour lui parler à voix basse.

J’ai quelque chose pour toi…