Sujet : La salle de bal

A sa réplique, elle éclata de rire, les yeux pétillants, avant de se pencher un peu vers lui. « Si ce n’est que ça, prévenez moi, et j’en garderais quelques-uns pour vous. » C’est vrai qu’il ne fallait pas jouer avec la nourriture, mais que voulez-vous, Emy n’avait pas l’habitude de se battre, et s’il lui fallait utiliser les petits fours pour avoir le dernier mot face à l’agresseur de lèvres de sa meilleure amie, et bien, elle le ferait. Après, elle se demandait également si ce n’était pas un sous-entendu parce qu’il avait faim. C’était possible après tout. La réflexion laissa place à la curiosité alors qu’il lui expliquait qu’il avait eu l’occasion de se rendre à plusieurs bals dans son existence. Emy ne le quittait pas des yeux, intriguée. « C’est monnaie courante chez vous, les bals ? » Pour sa part, c’était effectivement le premier, comme il venait de le dire, et elle n’aurait jamais imaginé que ça puisse être aussi beau. Les décorations étaient merveilleuses, et les gens, si bien habillés ! Elle-même, pour le coup, ne regrettait pas d’avoir laissé faire les filles. Avec sa chance et son goût pour les vêtements, elle serait venue en jeans et débardeur orange. Chose devant laquelle Lily aurait certainement fait une attaque d’ailleurs. En pensant à sa Rosie, elle jeta de nouveau un coup d’œil dans sa direction. Apparemment la blondinette discutait toujours avec le garçon. Emy se mordit la lèvre en espérant qu’il n’était pas en train de l’ennuyer. Et puis Lily recula, et Emy fronça les sourcils à cette vue. Si elle reculait, c’était mauvais, non ? Instinctivement, la fille d’Hermès fit un pas en avant, en direction de son amie. Mais elle savait que Lily n’aimerait pas qu’elle prenne sa défense, qu’elle devait la laisser faire toute seule. Bon sang, ce que c’était difficile. Si ça ne tenait qu’à elle, Emy aurait mordu tous ceux qui auraient pu ennuyer de près ou de loin sa blondinette.

Son cavalier toujours là, Emy lui offrit un rapide sourire. Rapide mais sincère, tout de même. « Au moins, la première danse a été magique, grâce à vous. Et je vous en remercie infiniment. » Elle avait entendu ce mot dans la bouche de Lily une fois, et elle trouvait ça cool. Quand il lui prit la main pour l’embrasser, elle cligna des yeux. Et rougit. Sans pouvoir s’en empêcher. Balbutiant ensuite, Emy baissa le regard vers ses chaussures. « Je… Euh, plaisirpartagé. Mercibeaucouppourm’avoiraccordédevotretemps. » Oui, c’était rare qu’elle soit gênée, mais en général, Emy ne savait absolument pas comment se conduire dans ce genre de cas.

[color=#000000]Je devais m'en aller. Je devais partir. Je devais la laisser aller. Je devais rester calme et stoïque. Je devais faire tant de chose, mais je savais bien que j'allais pas réussir. Je savais bien que tout cela serait pire plus je resterais près d'elle. Je ne pouvais pas rester là comme ça. Je n'avais pas ce droit. Je n'avais pas ce droit et pas maintenant. Juste que j'avais tellement l'impression que j'en faisais trop... et tellement l'impression que je la connaissais. Je ne savais pas quoi dire. Je ne savais pas quoi faire. Tout ce que je pouvais dire c'était que je savais une chose, que tout ce que je pouvais avoir vu lors de cette danse respirait Emy à plein nez. Et je voulais tellement que ce soit elle parce que c'était la seule qui était en mesure de me tolérer. Avec sa candeur et son innocence, elle ne voyait pas comment je pouvais être ronger par le mal et la tristesse. Et elle me faisait du bien... Parce que je n'avais pas l'impression d'être un monstre avec elle. Juste un homme comme les autres. Juste un homme que l'on pouvait aimer et que l'on pouvait adorer. Juste un homme qui avait sa place dans ce monde.... Un homme comme les autres et pour ça, ça me faisait un bien fou. Parce que j'avais l'impression que tout ce que j'avais vécu pouvait être effacer d'un coup. Que je pouvais oublier... Et recommencer. Et m'amuser comme je le devrais. Être un homme bon et avec un sourire. Pas quelqu'un qui ne pouvait rien faire d'autre que d'attendre le jugement de la société qui se refermait lentement sur lui. « Heureusement pour vous, je n'ai pas faim» Mon coeur était peut-être avide d'affection, mais la faim que je pouvais ressentir n'était pas la faim de nourriture. Non. Il s'agissait de quelque chose dont j'avais toujours manqué auparavant. Des gens autour de moi.

«Je viens de la haute classe, j'en ai vécu trop pour les apprécier encore. Mais une personne comme vous fait changer la donne.» J'aimais regarder ses yeux. Ils me parlaient tellement. Et puis, je me sentais bien en sa compagnie. Calme... bien en soit. Mais toute bonne chose a une fin n'est-ce pas? Je trouvais sa réaction à mon baisemain adorable... et le doute persistait dans ma tête... Du coup, je n'avais pas d'autre choix que de tenter non? Je me penchai pour qu'elle voit mon visage souriant malgré le masque et lui fit doucement remonter la tête avant de lui murmurer à l'oreille. « Amuse-toi bien Emy. Je ne resterais pas dans les parages bien longtemps.» Je me reculai lentement, laissant la foule m'engloutir, mais sans jamais la perdre des yeux.

Elle devait se douter que c'était moi. Elle devait le savoir. Je respirais l'odeur du Liam habituel quoi. Et je faisais tout ce que ce pauvre crétin, moi à priori, donc je ne voyais pas pourquoi elle ne m'avait pas encore giflé ou bien encore dt mon nom et même encore fait savoir que j'étais un... idiot. Je n'en savais rien. Mais pour le moment, je voulais lui montrer qu'elle pouvait s'amuser et se relâcher et ce même en ma compagnie. Mais je savais qu'elle ne savait pas que j'étais moi. Elle ne savait pas ce que j'étais réellement... Et puis... qu'est-ce que ça pouvait bien faire de toute façon que ce soit moi qui soit comme ça... Que nous soyons comme ça... Parce que nous avions une chance de faire ce que nous voulions et... bon sang que je devenais sage et ça faisait réellement peur. Mon dieu... c'était n'importe quoi... Allez, Liam en piste. Je devais faire en sorte que ce soit le meilleur de tous. Parce que je voulais offrir une belle soirée à Kathleen. Je voulais la voir heureuse. je voulais la voir sourire et s'amuser. Je voulais qu'elle arrête de voir tout d'un point de vue d'un soldat et d'un médecin. Je voulais qu'elle sache que j'étais là.. pour elle. Pour lui faire changer les idées. Pour lui montrer que l'on pouvait avoir droit à une chance de penser à autre chose. Que l'on pouvait être différent. Que l'on pouvait être géniaux. Que l'on pouvait pour une soirée être des gens différents. Que l'on pouvait s'amuser. Et que l'on voulait se prendre pour d'autres. Que l'on pouvait être d'autre... Et je voulais que ce soit ça. Mais je voulais que l'on soit... plus que des amis.. enfin... plus qu'un patient et son docteur.

«Alors pourquoi est-ce qu'il faut que je vous le rappelle? Et pourquoi vous ne voulez pas le vivre? Avec moi. Bien entendu.» Tout simplement avec moi. Tout simplement avec moi et personne d'autre. Juste ça... Juste ça et tout irait bien. Tout serait parfait... Mais je savais que ce ne serait pas parfait. Jamais ça le serai. Mais maintenant.. maintenant, il s'agissait d'un jeu de dés. Une facette de moi que je ne pensais pas qui serait là. Mais je savais qu'au fond, j'avais un côté humain et un côté... sérieux. Mature... Mais je ne voulais pas toujours le voir. Je ne voulais pas toujours qu'il soit là. Je voulais simplement que ce soit une partie de moi que je pourrais oublier. « Il s'agit d'un mensonge, vous le savez aussi bien que moi. Je vous ai vu avec cet enfant» Je trouvais ça rafraîchissant de l'avoir contre moi. Ça me faisait du bien. Réellement du bien, mais voilà, je savais qu'elle était pas à l'aise avec moi. Et je savais que ce n'était pas rien. Même si je le voulais, je ne pouvais pas la forcer. Et je devais respecter sa décision « Kathleen... depuis le temps que tu me connais, tu devrais savoir que je ne suis pas du genre à abandonner facilement... Et je ne vais pas abandonner cette fois encore. Laisse-moi te montrer mon monde.» Je la regardai avec un demi-sourire avant de retirer mon masque. « Juste moi.»

J'étais à bout. Je ne voyais plus le reste. Je ne voyais plus la fin. Je ne voyais que le noir et le noir seul. De toute façon, qui voudrait voir autre chose que ça? Qui voudrait que ce soit autre chose que le noir. Qui voudrait ça pour moi réellement? Je me rendais compte que je faisais du mal à Charlie et je devais arrêter. Faire taire ma propre peine. Arrêter. Arrêter et arrêter. Tout ça devait se finir maintenant. Tout ça devait arrêter. Maintenant. Je devais y mettre un terme. Je devais penser à Charlie et non à moi. Je devais arrêter tout ça maintenant. C'était fini... FINI. C'était compris maintenant. Grey, il fallait arrêter. Je ne pouvais pas faire ça. Pas à ma soeur qui se démenait pour faire en sorte que j'aille mieux. Pas maintenant. Pas au bal alors que c'était la première fois que je pouvais la voir en robe. Je ne voulais pas que ce soit comme ça. Et je savais ce qu'il me restait à faire. « Je sais que tu m'aurais giflé... mais c'était pas de ça que j'avais besoin. Je suis désolé Lily.» Je lui tournai le dos sans rien rajouter et m'enfonçai dans la foule avant de rencontrer le mur... et de soupirer... Si j'étais inconscient, la connexion serait coupé. Et sans réfléchir plus longuement, je donnai un grand coup. Pour m’effondrer au sol, inconscient.

Qui était cet homme ? Aucune idée. Probablement un New-Yorkais que Morgane connaissait. Elle semblait connaitre tant de monde en même temps ! Lily ne lui faisait pas confiance, et avait peur du type de personnes qu’il était possible de croiser durant cette fête, mais Emy avait préféré choisir de s’amuser, tout simplement. Et elle ne regrettait pas. Cet homme l’avait considéré comme… Réelle ? Comme adulte ? Non, ce n’était pas le bon terme. Hum, comme si elle était une femme. Une vraie femme. Et Emy n’en avait clairement pas l’habitude. Toujours troublée par ses manières et sa politesse, elle n’en oubliait pas son amie qui semblait vivre un moment troublant, mais elle ne pouvait néanmoins s’empêcher de se poser des questions sur son cavalier ponctuel. Et elle aurait connaître son prénom. Cependant, comme l’exige le port des masques, ce soir, ce serait dans l’inconnu qu’elle resterait. C’est pourquoi son étonnement fut grand lorsqu’il prononça son prénom au creux de son oreille. Déjà, être enveloppée de son parfum l’avait rendu étrange, mais que son souffle se perde dans son cou, que sa voix résonne au creux de son oreille, et qu’il utilise son prénom pour terminer… Tout ça l’avait laissée, la bouche ouverte, seule au milieu de la piste. Comme une andouille paumée quoi. Clignant enfin des yeux, elle chercha à le retrouver parmi les gens, sans y parvenir. Frustrée, Emy soupira et afficha une moue déçue, avant de rejoindre son amie qui avait besoin d’elle. Comment elle le savait ? Aucune idée, ça devait faire partie du pack des amis. « Rosie ? » Elle attendit que Lily la regarde et la reconnaisse pour lui sourire avec douceur. « Est-ce que tout va bien ? J’ai vu ce garçon t’embrasser. »

Liam avait toujours été une tête de mule. Voire parfois, une tête à claque. Mais avec les années, je m’y étais faite, et je continuais plus ou moins patiemment à l’exhorter au calme, même si une grande partie de moi savait que ça ne servait à rien. J’avais peur parfois pour lui, j’étais inquiète aussi. Lors de notre quête ensemble, j’avais veillé sur Marcus et lui, avec attention, mais j’aurais aimé que Liam ne soit pas là, quelque part. Pour qu’il ne soit pas touché, pas blessé, pour qu’il ne craigne rien. Une de mes craintes était qu’un jour, je n’arrive pas à temps. Et pour être sincère, je crois que je ne m’en remettrais pas si cela arrivait. Pourquoi lui ? Oh, il n’était pas le seul, loin de là. Mais je serais touchée. Plus qu’il ne pouvait lui-même le deviner.

Et parce que j’étais sensible à ses actions, à ses gestes et sa manière d’être, je savais que je ne pouvais pas danser avec lui. Ce n’était pas seulement un risque dans la mesure où l’on allait me voir sur la piste, mais également parce que nous allions nous rapprocher. J’avais la crainte qu’il entende mon cœur battre plus fort, et mon souffle s’accélérer à son approche. Ce serait tellement stupide que j’en serais mortifiée. Je ne pouvais me le permettre. Mais voilà, il m’avait vu sur la piste avec Elliott, comme il savait également y faire, face à mes refus.

Alors, lorsqu’il parla avec tant de sincérité, en faisant un pas vers moi, je fus troublée. Plus encore quand il retira son masque. J’avais beau savoir que c’était lui, qu’il choisisse de l’ôter pour me montrer qui il était, et quelque part, se mettre à nu devant moi, ça me toucha. « Liam… » Son prénom dans ma voix résonna comme une supplique autant qu’une demande, et je ne sus d’où cela venait. Fébrilement, parce que la peur montait au creux de mon ventre, je soufflais un « d’accord », en hochant la tête. J’avais l’impression de faire une erreur. Danser de nouveau devant tout le monde ? Je n’avais pas fait depuis tant d’années… Et avec Liam en plus ? Par Jupiter, qu’est-ce qu’il me prenait ?

Je ne la perdais pas des yeux. Je n'étais pas parti. Je ne pouvais pas m'y résoudre, bien que j'avais dit que j'allais bientôt partir. J'aurai voulu qu'elle me reconnaisse. J'aurai voulu qu'elle sache qui j'étais réellement. Mais, il fallait croire que les indices que je pouvais lui avoir laisser, ce n'était pas assez. Ce n'était pas tout à fait assez et ce n'était pas très révélateur pour elle. De toute façon, elle ne me connaissait pas tant que ça. Elle ne savait pas qui j'étais réellement. Elle savait bien sûr que j'étais riche, elle savait aussi que j'avais une entreprise, du moins, c'était ce que je croyais. Elle savait que la base sur moi. Que le prénom et le nom. Que mon visage, ce à quoi je pouvais ressembler. C'était tout. Mais pourtant, je conservais un petit espoir. Un tout petit espoir. Qui serait peut-être une folie de croire en ça. Parce que je savais très bien qu'elle ne s'attendait pas à ce que je sorte son prénom, que je la reconnaissance. Mais j'avais tenté et ça ne voulait pas dire que je m'étais trompé.... Et j'avais eu raison cette fois. Lorsque je lui avais fait le baisemain, j'avais pris sa main dans ma main droite... main où je portais un anneau avec mes initiales dessus. K.D. Elle l'avait peut-être vu. Peut-être pas. J'en savais rien. Mais pour le moment, je restais en retrait. Et l'observait. Parce que je savais que sa place était avec son amie, mais pas avec moi.

Elle savait maintenant. Elle savait qu'elle avait affaire à son con de service. À l'idiot qui allait toujours la voir avec un grand sourire avec l'espoir de la faire rire, de lui faire du bien. De la décoincer un peu. De faire en sorte de lui montrer tout les plaisirs de la vie. Ce que l'on pouvait avoir. Et ce que l'on pouvait s'offrir. Je voulais qu'elle voit qu'il n'y avait pas que le boulot dans ça. Que nous n'étions pas que des soldats, nah mais, si j'étais un soldat h24, je deviendrais fou hein, même en étant légionnaire, je finirais pas perdre tout mes trucs et là, là ce serait le dawa. Et bon, je voulais bien croire que nous étions tous différents, que nous étions tous des êtres à part entière, fallait remercier Vince pour ces paroles très sages que je n'aurais jamais pu dire par moi-même, il était très intelligent Vince, beaucoup plus que moi et je dois avouer que parfois, ça me manquait d'avoir quelqu'un pour réfléchir à mes côtés. J'avais besoin d'une harmonie. D'un équilibre et le plus surprenant dans tout ça, c'était que la personne qui pouvait me le donner, c'était Kathleen, mais elle ne pouvait pas voir ça. Elle ne pouvait pas voir que j'avais changé un peu depuis le temps. Que j'étais un peu plus sérieux, que j'étais un peu différent, que je prenais plus les choses à coeur, que je faisais attention à moi surtout. Je n'avais pas retiré mon masque pour lui faire du chantage. Mais je voulais juste lui montrer que même si j'étais un peu un gros con parfois, je n'en restais pas moins celui qu'elle connaissait.

« Entièrement moi Kathy-Cat.» Je conservai mon sourire alors que je remettais mon masque. Le fait de me voir lui avait fait sûrement quelque chose, plus qu'elle ne voulait l'avouer et c'était pas ce que je voulais faire.. Enfin si, mais non. C'était compliqué dans ma tête. Tout ce que je pouvais dire c'était que je n'avais pas fait ça dans le but de lui faire du chantage pour la danse. Je tentais ma chance. Et si elle me disait non encore une fois, je laisserais tomber. Mais bien sûr, j'avais la chance de mon côté. « Juste une. Promis. Après, je te laisserais faire ce que tu veux.» Je lui tendis la main et attendit qu'elle la prenne. Mon plan du moment? La laisser me guider. Pour trouver le moyen de s'amuser, il fallait le trouver soi-même. J'étais sa béquille, mais elle allait faire le chemin seule.

Même en rejoignant Rosie, Emy ne cessait de penser à l’homme qui venait de la faire danser pour la première de sa vie. Plus grand, plus vieux qu’elle, les épaules larges, et un sourire discret, elle se surprit à avoir apprécié sa voix. Déglutissant parce que bon, c’était assez spécial comme idée, elle se secoua la tête pour se concentrer sur les réponses de sa meilleure amie. Du coup, elle se figea sur place quand Lily lui annonça que le garçon était Matthew et presque aussitôt, elle attrapa la main de son amie, inquiète pour elle. « Comment tu te sens ? Vous avez parlé, j’ai vu. Est-ce que… Est-ce que vous vous êtes disputés ? » Est-ce qu’elle lui avait dit pour le bébé ? Non, sinon Matthew ne serait pas parti. Mais pourquoi ne pas lui dire ? Que s’était-il passé entre eux pour qu’ils se séparent ainsi ? Emy n’en savait rien et n’avait pas osé poser de questions, de peur que Lily ne se braque ou ne soit triste. Choque qui arrivait parfois quand son amie pensait qu’elle ne la voyait pas. Pour le coup, Emy eut envie de retrouver Matthew mais ce n’était pas à elle de lui annoncer la nouvelle, même si à ses yeux, un enfant devait être élevé par ses deux parents. Serrant doucement la main de Lily pour qu’elle comprenne qu’elle n’était pas seule et ne le serait pas, Emy balaya sa question d’un geste approximatif. Alors que bon, dans son cœur, ça faisait un boucan pas possible. Mais ce n’était pas le moment. « Oui… c’était bien. » Le ton avait été un peu rêveur, malgré elle, et Emy se sentit rougir. Bon sang, qu’est-ce qu’il lui prenait. Sèchement, elle s’obligea à penser à autre chose et regarda le buffet. « Tu sais quoi ? S’il y a des gens qu’on connait ici, mieux vaut y aller, non ? On peut faire le stock de bouffe si tu veux, histoire que le frigo soit plein. » Quoi, comment ça, son idée était purement intéressée ?

J’étais folle. Voilà tout, j’étais folle, il ne pouvait y avoir d’autres explications à mes agissements actuels. Alors que je m’étais interdit de danser en venant à cette soirée, que cette simple idée me foudroyait sur place, voilà que je venais d’accepter une danse. A Liam. Ce même Liam contre lequel je ne cessais de gronder, et qui pourtant, ne m’obéissait pas le moins du monde. Mais alors jamais. Peu importe que j’agisse pour son bien, en espérant un jour, lui mettre un peu de plomb dans le cerveau, ce garçon faisait fi de toutes mes remontrances, de toutes mes demandes de faire attention, pour se plonger dans les bêtises les plus invraisemblables. Je n’avais aucun pouvoir sur lui, et c’est ce qui me faisait peur quelque part, parce qu’il semblait que lui… En avait sur moi. Enfin un peu. Sinon comment expliquer que je venais de dire oui ?

Lorsqu’il me tendit la main, je tressaillis toute entière. Je dus m’obliger à déglutir, en m’exhortant que non, il n’allait pas me bouffer toute entière et que la salle ne le ferait pas non plus, les invités encore moins, mais oui, les habitudes et surtout les peurs, les angoisses anciennes ont la vie dure. Lentement, je posais une main tremblante dans la sienne, et soupirais en me trouvant profondément idiote. J’étais médecin bon sang, et soldat ! A quoi je ressemblais là ? Fronçant les sourcils, j’inspirais pour me donner du courage, et resserrais ma main autour de la sienne avant de me tourner vers la piste. Par Jupiter, j’allais fondre, disparaitre dans le sol, me faire engloutir par la honte. Si ça se trouve, je ne sais plus danser, mes pieds allaient s’emmêler et j’allais de nouveau m’étaler devant tout le monde. Au fur et à mesure que je marchais, ma vitesse ralentit, et mon souffle sembla s’accélérer. Je ne pouvais pas faire ça. Si ?

Depuis le début, je jouais un personnage. Celui d'un homme qui venait de la haute alors que moi, le plus haut que j'ai été quand je suis venu sur Terre, enfin au monde, c'était la marche d'une Église. C'est sympa hein? On pouvait dire que je venais pas de si haut que ça. Mais bon, on ne choisissait pas du tout où on pouvait tomber parce que tout simplement... bah quoi.. c'était mieux d'avoir moins haut pour moins se faire mal? Non, enfin, je ne savais pas moi, j'étais pas doué en physique. Il fallait pas m'en vouloir si en plus, j'avais jamais suivi aucun cours pour ça, ça ne m'intéressait pas du tout et je le rendais bien .En fait la physique c'était bien foutu de ma gueule auparavant. Pourquoi je disais ça? Bah, j'étais le genre de mec a avoir reçu une pomme sur la tronche, comme Newton, même genre, c'était la pomme qui était tombé sur moi et pas l'inverse, si si je vous assure. Mais dans tout les cas, je pouvais dire que je pouvais jouer à merveille les personnages. Et à cet instant précis, je me demandais si je pouvais me permettre de continuer. Si pour elle, je pouvais continuer à être cet homme sérieux avec qui elle semblait avoir de l'affinité. Avec qui elle semblait si bien s'entendre. C'était ça que je me demandais. Est-ce que je pouvais lui faire plaisir pour ce soir? Est-ce que je pouvais lui montrer que je pouvais être un homme? L'homme que je ne voulais pas que personne ne voit parce que j'avais peur que tout le monde en profite? Une âme qui voulait rendre les autres aussi légère que la sienne? Est-ce que je pouvais dire que je voulais réellement faire ça? Je n'en savais rien. C'était juste.. trop fort. Trop pour moi. Mais c'était Kathleen. Et pour elle, je ferais tout. Mais ça, elle ne le savait pas.

Je serrais doucement sa main dans la mienne une fois qu'elle l'eut posée dans la mienne et j'attendis un peu. Pour lui laisser un peu de temps pour se décider surtout qu'elle n'avait pas l'air enchantée de danser à la base. Mais je lui avais dit que j'en ferais juste une. Juste une et elle serait libre après. Je voyais bien que ça la tracassait. Et c'est là que je décidais de sortir l'homme qu'elle avait vu un peu plus tôt auparavant. « Tout ira bien. Je suis là.» Elle ne savait pas que je savais danser. Elle ne savait pas que je veillais qu'en marchant, qu'elle ne se fasse pas mal. Elle ne savait pas ça. Mais je ne voulais pas dévoiler le tout maintenant. Je voulais attendre. Et puis, elle semblait s'amuser avec ce gamin alors je me disais que peut-être, le grand gamin que je suis avait une chance. Peut-être. Je la regardais droit dans les yeux, un petit sourire sur les lèvres, mais rien de moqueur dans mes traits. Juste... sérieux... et puis heureux. Pour une fois. « Oublie tes tracas. Je ne ferais pas le con» Et ce fut la seule fois que j'ouvris la bouche avant un moment. Parce que la musique commençait.

Il me disait que tout irait bien. Comment pouvait-il en être si certain ? Je lui jetais un coup d’œil rapide, mais non, il était calme. Le port de tête bien droit, Liam semblait prêt à danser. Et moi, j’avais peur. Encore et encore. Inspirant doucement, je balayais la salle si joliment décorée du regard, et je tentais de faire le vide dans ma tête. De passer outre le fait qu’il y avait tant de monde, que mon cœur accélérait la cadence au sein de ma poitrine. C’était fou. Puis une fois cela fait, je me tournais de nouveau vers lui, et mes yeux se firent capturer par les siens. Si habituellement, je fixais le front des gens, là, je devais bien reconnaitre qu’il m’avait piégé. Respirant doucement, j’écoutais sa phrase. Phrase qui m’étonna un peu d’ailleurs, et je me contentais d’acquiescer. Je savais qu’il n’était pas qu’un bout-en-train, toujours enclin à faire l’andouille. Je savais qu’il pouvait être sérieux, et qu’il était digne de confiance, mais c’était plutôt en moi que j’en manquais. La musique qui débuta me fit déglutir, et je pris conscience que je ne pouvais pas sans cesse manquer de courage ainsi. Je devais aller de l’avant, ou je n’y parviendrais probablement jamais. Tournant la tête vers Liam, je saisis sa main délicatement, ne m’étant pas rendu compte que je l’avais lâché entre temps, et j’avançais de quelques pas vers la piste. Avant de lui faire face. Mes prunelles vinrent se poser sur son front, et j’entrepris de bouger. Un peu. Doucement. La mélodie nous enveloppa, et je mis de longues secondes à me débarrasser de mon angoisse. Il fallait que j’y arrive. Alors peu à peu, parce qu’il ne me jugeait pas, et parce que danser était dans ma nature profonde, les choses semblèrent s’emboiter. Et nous dansions. Ensemble. En harmonie.

Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas eu la chance de danser. Je m'en rendais compte maintenant. C'était quelque chose qui m'avait manquer au fond, mais n'allez questionner mon avocat, il n'allait pas vous répondre. Pourquoi? Simplement parce que c'était un légume, si si. J'adorais faire cette blague. Elle était nulle, mais elle faisait du bien. Parce qu'elle était simpliste. Comme moi. Comme moi je pouvais l'être et bien entendu, ça ne voulait pas dire que j'étais toujours idiot et toujours un peu con. Parce que bon, il fallait bien faire des blagues parfois, mais ça ne voulait pas dire que ce n'était pas le cas. Je voulais dire par là que je pouvais être un homme brillant. Un homme de talent, mais ça ne voulait pas dire que j'allais toujours l'utiliser à bon escient. Non parfois, je ne faisais pas attention et je ne faisais qu'utiliser une partie de mon cerveau et pas le reste. Alors que j'avais beaucoup d'intelligence derrière moi. C'était Vince qui m'avait fait les cours et avant d'être garde du corps, il avait fait beaucoup d'étude. Il était très intelligent et il m'avait appris tout ce qu'il savait parce qu'il voulait que je m'ouvre au monde. J'avais aussi appris beaucoup de chose avec les gens qui travaillaient sur les plateaux de cinéma. J'avais réussi à prendre des leçons de danse diverse, des leçons de caméraman, maquillage, j'en passe. J'étais doué. En vrai, Vince avait eu beaucoup d'offre pour moi, ils voulaient qu'il continue à me former pour que je devienne un homme avec de l'expérience et de la connaissance. Comme ça, je pourrais bosser dans le domaine en sachant tout parce que j'avais baigné dans ça depuis toujours. Mais voilà, la suite, on la connait. Et je ne voulais pas en parler ce soir pour ne pas gâcher la fête. Mais je savais qu'un jour Kathleen saurait tout. Elle finirait par tout savoir. Parce qu'au fond de moi, je savais qu'elle aspirait à ça. Mais pas ce soir. Je voulais que tout soit pour le mieux. Que tout soit bien et parfait. Ce soir, nous avions une danse. Ce soir, je voulais qu'elle voit que je pouvais pas seulement être un garçon, mais bien un homme. L'homme que Vince avait fait de moi. Un homme qui dansait avec son chaton au final. Et j'en savourais chaque pas, chaque instant. Tout. Et ce fut avec un pincement au coeur que je dû la relâcher lorsque la musique s'arrêta. Mais je n'avais qu'une seule parole. Je relevais mon masque et lui fit un clin d'oeil avant de... tout simplement partir. Nous allions nous revoir. Ça oui