Fleur aux pétales d'or, répands ta magie. [Ft. Nova-Chou]

Éloigne la pluie... Nova était partisane. C’était un fait. Mais sans doute contrairement à beaucoup de ses camarades du côté sombre de la force, elle ne haïssait pas les dieux. Ni même son père, quoiqu’elle le trouvait un peu con… C’était pour ça qu’elle clamait parfois fièrement qu’en bonne fille de Dionysos elle aimait faire la fête et boire beaucoup. Elle aimait jouer la comédie, aussi… Et la débauche ne la dérangeait pas plus que ça, puisqu’elle se fichait pas mal des effets et des conséquences. Ça sonnait peut-être cliché, tout ça, puisqu’il s’agissait là de tous les attributs de son paternel, jadis dieu du vin, du théâtre et des excès. Mais ça aussi, elle s’en fichait. Elle avait ses goûts, et elle assumait chacun de ses côtés. Tous, sans exception. Et pas que ça, d’ailleurs, puisqu’elle assumait absolument tout. Alors ce soir, alors qu’on approchait de minuit, elle clama fièrement que non, elle ne quittait pas le QG pour aller en boîte de nuit mais juste pour aller se balader sur sa moto, sous le ciel étoilé. Il faisait beau pour un jour d’automne, elle voulait profiter de cette escapade nocturne pour être libre. Elle se douta bien que beaucoup des partisans ne la crurent pas et elle leur cria dessus comme une gamine, pensant naïvement que ça allait les faire changer d’avis. Puis elle abandonna, mit son casque sur sa tête et démarra en trombe pour parcourir les rues de New-York.
Parce que Nova n’était pas seulement une partisane… Elle était libre, aussi. A vrai dire, c’était peut-être dans sa quête de liberté qu’elle avait changé de camp, ayant l’impression d’être enfermée à la Colonie… Ou alors elle avait juste suivi des amis là-bas. Elle ne voulait pas détruire le monde, elle… Elle ne voulait pas d’une guerre, elle ne voulait pas du sang, non, non… Des fois, elle regrettait son choix. Mais c’était trop tard, et à nouveau elle était obligée d’assumer. De toute façon, elle n’était pas du genre à tuer tout le monde, à torturer, à insulter l’ennemi alors… on ne pouvait pas lui en vouloir, si ? Elle espérait bien que non. La Colonie regroupait encore beaucoup de ses amis, de connaissances, et elle ne voulait pas qu’un camp différent éloigne tout ça d’elle. Elle s’était d’ailleurs rendu compte qu’elle avait beaucoup de mal avec certains individus partisans de Gaïa… Mais ce n’était peut-être qu’une question de temps ; après tout, ça faisait un an à tout casser qu’elle était parmi eux.
La jeune femme passa à la vitesse supérieure, imaginant le vent sur son visage alors qu’elle portait un casque, certes… Elle pouvait toujours sentir ses cheveux au vent, cela dit, vu qu’elle ne les avait pas attaché – chose qu’elle faisait rarement, si ce n’était des chignons hauts de temps à autre…
Ce fut sérieusement avec un petit grognement qu’elle ralentit l’allure en constatant que le trafic et les passants se faisaient plus denses ici… Pas étonnant. Arrêtée à un feu rouge, elle repéra la boîte de nuit au loin ; pas étonnant que les gens fassent l’aller-retour entre l’extérieur et le bâtiment, déambulant même parfois sur le trottoir. Elle eut un petit soupir pour elle-même, mais non, pas de discothèque pour elle ce soir ! Elle voulait juste un petit rendez-vous avec les étoiles, sur sa moto, avec le vent. Rien d’autre. Lorsque le feu repassa au vert après une longue minute, elle reprit sa petite promenade dans les rues de New-York, s’amusant à foncer dans les lignes droites ou au contraire à prudemment tourner pour traverser des ruelles bien peu larges, comme on en trouvait partout à la Grosse Pomme et dans les autres grandes villes du monde, elle s’imaginait bien…
Ainsi, elle dut faire plusieurs quartiers à cette allure. Et c’était franchement le bonheur ! Ce soir, elle dormirait bien – non pas qu’elle avait des problèmes de sommeil, en fait. Une rue à gauche. Une ruelle à droite. Une grande route. Encore une ruelle où une fille se faisait tabasser. Virage à gauche et… Attendez. Ce n’était pas une fille. Enfin, si, c’était une fille, mais ce n’était pas une inconnue. C’était Charlie !! Nova oublia de réfléchir et faillit déraper et carrément coucher sa moto par terre tandis qu’elle tentait de faire demi-tour aussi vite que possible. Elle redressa son engin comme elle put pour éviter la catastrophe et retourna dans la ruelle qu’elle avait traversée. Puis, pour s’arrêter, même cirque, elle faillit encore frôler la mort mais parvint à se retrouver sur ses pieds avec l’affreux pressentiment qu’elle… ne servait à rien.
Et merde, et merde, et merde, je fais quoi moi ? Elle n’avait pas l’étoffe d’une super-héroïne, sérieusement. Elle était peut-être bien foutue, mais ce n’était pas spécialement du muscle tout ça ! Et elle n’avait pas du tout l’air effrayant ! Oh, nooon, elle était une crevette inoffensive qui s’était glissée dans une situation où elle allait finir comme Charlie, tabassée ! En panique intérieure, elle oublia une fois de plus de réfléchir et s’avança avec un air décidé sorti de nulle part – enfin, elle TENTA d’avoir l’air déterminé – vers les deux bonhommes qui l’avaient même pas calculée. « HEY ! Elle vous a fait quoi, connards ? » Nova frissonna et recula d’un pas lorsqu’ils la remarquèrent et la fusillèrent du regard. « Euh… » Et merde, et merde. Mon dieu, meuf, t’as deux secondes pour te transformer en sauveuse de l’humanité avant de finir sous leurs coups de poing et leurs moqueries aussi ! Oh putain ! Réflexe ! Le spray au poivre ! ahah ! Il allait lui servir ce petit objet que tout le monde pensait inutile. Sans réfléchir – non, mais, abandonnez, hein, Nova, elle réfléchissait jamais – elle aspergea le visage des deux pas beaux après avoir crié à Charlie de fermer les yeux – parce que le poivre, ça fait mal – puis sortit son fouet pour se donner l’air d’une vaillante combattante et d’une demoiselle avec qui il ne fallait pas jouer – alors que c’était tout à fait faux, elle avait juste eu un élan d’adrénaline et d’audace et pouf ! plus rien.
Il n’empêche que les deux bonhommes disparurent ou, plutôt, Nova aida Charlie à se tenir debout en passant un bras sous ses aisselles tandis que les deux énergumènes les insultaient de tous les noms, elles deux et le poivre. Nova remarqua directement le sang au coin de la bouche de son amie et la trace d’autres coups et… paniqua. Presque. Disons qu’elle tenta de cacher sa panique et ses propres tremblements, voulant avoir l’air sûr d’elle ! « Ca va ?! T’es sûre, hein ? J’ai combien de doigts ? » dit-elle en montrant les cinq doigts de sa main libre. « Pourquoi ils t’ont fait ça ? OH ARRETEZ DE GEINDRE, C’EST QUE DU POIVRE ! » hurla-t-elle, exaspérée, aux deux bonhommes. « Mince, euh, tu veux un mouchoir ? Ah, non, j’ai pas de mouchoir… » Elle respira doucement, pour se calmer, puis souffla. « Ca va, Charlie ? »