Absynthe, la fille du feu

Parfois, je me dis qu'à 23 ans, je pourrais déjà écrire une autobiographie. Mais bon, vous me voyez raconter cela aux humains ? Non ... Donc je vais me contenter de coucher ici ma vie, un peu comme un journal intime, mais sans date.

Je suis née il y a déjà 23 ans à San Francisco. Sur mon extrait d'acte de naissance, vous lirez que je suis née de père inconnu. Cela ne choque personne, et à vrai dire, jusqu'à mes 7 ans, cela ne me choqua pas non plus. J'étais une enfant très turbulente, très curieuse, qui avait à la fois plein de questions mais aussi réponse à tout. Jusqu'à ce fameux jour où on se moqua de moi à l'école.

"Dégage, t'as même pas de papa d'abord !"

Ah ben oui tiens ... C'est la que la petite fille que j'étais se fit la réflexion, et en rentrant ce soir-là, après m'être faite disputé par ma mère pour m'être encore battu avec un camarade, la question tomba:

"Dis Maman, c'est qui mon Papa ?"

Je crois que ma mère a immédiatement changé de couleur ce jour-là. Elle s'est mordue la lèvre, cherchant sûrement si elle devait me dire la vérité ou pas. Je n'eus le droit qu'à un simple:

"Il est parti avant ta naissance. Ne m'en parle plus."

Ok ... J'ai un souvenir très précis de ce moment, où je suis restée pantoise, ne sachant que dire. Imaginez-vous, à 7 ans, avec juste cette information.

Cela n'arrangea pas mon comportement. Passant mes journées à me battre, à me faire disputer pour mes piètres résultats ... On me diagnostiqua hyperactive et dyslexique, deux maladies "à la mode", lança mon institutrice de façon très froide à ma mère.

On nomma une assistante de vie scolaire pour m'épauler, mais aucune ne faisait plus de deux semaines. Le collège fut encore plus difficile, et la grande question restait: que va-t-on faire d'elle ? Personne n'avait de solution et ma mère semblait désespérée. Plus je grandissais, plus mes conneries allaient loin. Jusqu'à ce fameux jour. J'avais dix-huit ans et j'étais au bal de fin d'année des terminales. Avec mon "petit-ami", qui était en fait mon cavalier d'un soir, nous nous rendîmes pendant la fête dans le gymnase, retrouver quelques amis. Car voyez-vous, j'étais quelqu'un de populaire. Populaire par ses conneries, mais quand même ! Et ce soir-là, nous avons joué avec le feu ... au sens propre. Tellement qu'au final, les pompiers durent intervenir pour nous sortir de là ... Je restais deux semaines dans le coma.

A mon réveil, la tête inquiète de ma mère me frappa, ainsi ... qu'un homme ? Attendez, ma mère n'avait jamais eu de petit ami, ou du moins, elle avait toujours été discrète là-dessus.

"Absynthe, il faut que l'on parle."

J'appris alors que cet homme n'était nul autre que mon père. Imaginez le choc ... La suite de la conversation a été pour moi complètement onirique ... Sauf qu'aujourd'hui, je suis là.

Lorsque je suis sortie de l'hôpital, tout se bousculait dans ma tête. Ma mère avait de toute façon décidée de suivre les conseils de mon père et le soir-même, je dus faire mes valises, direction un "camp de sang-mêlés". Ce n'est que sur place que je pris réellement conscience que tout ce que cet homme, mon père, m'avait raconté était vrai.

Je mis quelques mois à me faire à cela, et je fus au départ très difficile, très réfractaire au règlement, jusqu'à ce que je me fasse des amis et que je comprenne que je pouvais maitriser ce que j'avais toujours rêvé de maitriser: le feu.

Aujourd'hui, je suis devenue quelqu'un de très à l'aise dans le camp, prête à combattre les opposants. Je m'entraine de façon très dure et je joue beaucoup de ma popularité.