Quelque soit ce que vous cherchez dépend de votre volonté [Dante]

Dante ∞ Lily

Ne tourne jamais le dos à personne. Même si parfois c’est plus difficile, même s’il faut faire une croix sur certains secrets que tu tenais à garder en toi. Certains ont besoin de connaître la vérité, afin de se construire. Et même si j’aurais certainement préféré éviter ce genre de conversation, je n’ai pas vraiment eu le choix, c’est une nature de merde que de vouloir que tout se passe bien dans le meilleur de monde. Notre monde n’est pas merveilleux, personne ne tend la main à son prochain pour le simple fait que ça lui fait plaisir. Peu importe les motivations des gens, elles sont rarement aussi pures qu’ils le disent, alors à quoi bon tenter de mettre du baume au cœur de certains. A quoi bon cette tâche désespérée que de rallier des mondes, de s’inquiéter du sort de chacun. Je ne serais jamais parfaite, fort heureusement, j’ai des problèmes aussi et même s’ils ne sont pas visible, je ne l’espère pas tout du moins, par moment on peut certainement voir au fond de mes yeux luire la culpabilité qui me martèle un peu plus chaque jour.

On pourrait croire qu’avec le temps, les remords laissent place à d’autres choses, certes je ne prétends pas qu’il faille oublier ce que l’on a vécu, nos fautes nous devons les assumer, du premier jour… au dernier. J’aurais juste apprécié de lever le pied, pouvoir faire mon deuil sans que des monstres en profite pour me faire la peau. Certains avaient de vrais rêves, de beaux rêvent. Par moment, je regardais la map monde chez Chiron faisait rouler le globe terreste et posai le doigt sur la France, le rêve d’y retourner se mêler à la peur d’y trouver mon passé, ce passé que j’avais fui lâchement, si ça se trouve ma fuite avait condamné mes parents. J’aurais tellement aimé pouvoir en parler à Matthew ou même Hailey, pas Emy… Pourquoi les deux premiers et pas ma meilleure amie qui serait le choix tout de même le plus judicieux, parce que même si Emy me pardonnerait, ne changerait en aucun cas vision sur moi parce qu’elle est trop gentille, cela n’empêcherait pas que j’aurais souillée son innocence. Mais je ne disais rien à personne, il me faudrait certainement des années avant de pouvoir tout avouer. Tout le monde savait que j’avais eu du mal à trouver le chemin de la colonie. Fort heureusement pour moi, aucun dieu ne semblait connaître la vérité sur la mort de cet idiot de satyre. J’avais baratinée avec un aplomb qui me laissait sur le cul moi-même, et personne n’avait démenti, heureusement d’ailleurs.

Ce matin, j’étais encore plus mal que d’habitude. L’anniversaire de mon père, je n’avais envie de voir personne. Le pire ce n’était pas cette envie de solitude, c’était plutôt de m’entraîner au tir. Ouai, chacun sa manière de décompressé. Je m’étais habillée à la va vite afin d’éviter le bouchon douche que provoquait certaines personnes de ma connaissance, à croire qu’il faut se laver huit fois, laver les cheveux trois fois. Non mais l’utilité ne me paraît pas logique mais la dernière fois que j’ai tenté d’en discuter avec ma camarade de bungalow, j’ai bien cru qu’elle allait me tuer. Mais vraiment genre, j’ai eu l’impression que j’avais commis un crime de guerre, que tout le monde allait me lyncher, faut vraiment que les filles d’Aphrodite se détendent niveau vêtements, douche et autres truc pas non plus… vital.

Peu importe à vrai dire. Je tenais mon arme dans les mains, placée de biais à la cible, oui parce qu’excusez-moi mais en face, je ne suis pas non plus stupide, je sais viser et tirer. Du coup je cherchais la difficulté. Lentement, geste mécanique qui rassurait, je plaçais les balles dans le chargeur tout en refusant de penser à Matthew qui avait fait de cette arme banale, la meilleure arme au monde à mes yeux. Valeur sentimentale en plus à ne pas négliger. Alors que je m’apprêtais à tirer, un bruit de frappe me déconcentra. Je respirais pour m’apaiser, après tout il allait forcément s’arrêter, les gens se fatiguent, au bout d’un moment il allait forcément se lasser de ne pas obtenir de résistance de la part d’un mannequin. Une minute passa, puis deux, et cinq alors que rien ne changeait. Peut-être le nombre de coups, je tournais donc la tête pour voir ce qui se passait. Mon regard détailla avec inquiétude Dante, je ne saurais pas comment expliquer que je pu deviner que ça n’allait pas du tout pour lui. Il n’empêche qu’à mon sens cela crevait les yeux. Retirant les balles de mon arme, il eut été très con de me tirer une balle dessus par mégarde. Je m’approchais finalement de lui. Il semblait épuisé, en colère certainement dû à une sorte de tristesse.

J’ai appris à force de vivre ici que s’approcher des gens furtivement c’est dangereux, le climat de guerre est tellement ancré dans la mémoire des gens, dans leur tête qu’un coup est bien vite venu. Je signalais donc ma présence par une phrase anodine, essayant d’y mettre le plus de joie possible.

« Tu devrais peut être poser ton arme et parler, je doute que frapper un mannequin t’apaise. Qu’est-ce qu’il t’arrive ? »

Un peu amusant de ma part de dire ça, dire qu’il y a à peine quelques minutes, je m’apprêtais  à faire exactement comme lui. A présent, j’avais surtout envie qu’il cesse, j’étais remplie de compassion. Dire que je me forçais à être presque joyeuse alors que c’était vraiment une journée de merde. Il n’empêche que je n’étais pas prête à tourner le dos à quelqu’un qui n’était pas la joie incarnée. Il fallait bien que quelqu’un s’inquiète de la santé mentale des gens, non pas que je sois psychologue, c’est même un aspect pratique, comment pouvions nous être utile au combat si nos esprits sont parasités par des actes que nous avons fait, par des choses que nous avons vécu et qui nous ont marquées.