Ravenna - Be strong -

Je suis née il y a maintenant quarante longues années. Originaire de Boston, mes parents étaient des gens très connus et pour cause, mon père était le maire de cette ville, et ma mère un mannequin très privé dans les années 80. Oh, ma naissance était désirée, et ma mère semblait ravie de m’avoir mise au monde, mais dès qu’elle eut perdu ses quelques kilos de grossesse, elle repartit sur les podiums américains, devenant l’égérie d’une grande parfumerie. Mon père, quant à lui, avait fort à faire avec ses responsabilités, et il me prit une nourrice et par la suite un précepteur.

Je grandis sans ne jamais manquer de rien, matériellement. Pour mon père, j’étais la prunelle de ses yeux mais son éducation était très stricte. J’appris donc l’étiquette de la haute société et dès que je le pus, je suivis ma mère un peu partout dans le monde. Elle adorait faire de moi sa petite poupée et je fus rapidement sur les podiums, paraissant clairement plus âgée que ce que je n’étais. Mon précepteur nous suivait afin de m’apprendre les bases de l’enseignement, et je me passionnais rapidement pour les mathématiques et pour tout ce qui était scientifique. J’étais d’ailleurs douée dans ces domaines.

A seize ans, alors que je venais de défiler, je rencontrais un homme que je ne connaissais pas. Et surtout, j’ignorais son identité … Je ne l’ai découvert qu’il y a cinq ans … Pour vous dire … Bref, il me séduisit (facile quand on a mon âge) et il m’emmena dans un hôtel où je ne compris ce qu’il m’arrivait qu’une fois qu’il fut nu devant moi. Je lui demandais d’arrêter, essayant d’expliquer que je n’étais pas prête … Mais il ne s’arrêta pas. Je ne le revis pas durant des années.

Complètement choquée et prostrée, je ne réussis pas à expliquer ce qu’il m’était arrivé … Ma mère pensait à la drogue, mais lorsqu’elle vit que j’étais malade chaque jour, vomissant mes tripes, elle comprit que j’étais enceinte. Avec mon père, ils se mirent d’accord : je ne devais pas avorter, cela était en contradiction avec nos convictions religieuses. Je fus mise dans un couvent au Texas, le temps que j’accouche, et mon bébé fut adopté. Je ne le revis plus jamais.

Neuf mois de perdus mais mon précepteur continuait de m’enseigner ce que j’avais à apprendre. J’eus mon bac sans réel souci et j’entrais dans la fac de Boston, suivant un double cursus de politique et de sciences appliquées. Je me plongeais dans les études, essayant d’oublier ce qu’il m’était arrivé. J’avais du mal à ne pas penser à la petite fille que je n’avais même pas pu serrer contre moi …

J’eus sans aucun souci mes diplômes, et mon père, devenu sénateur, me proposa de prendre sa suite à la mairie. J’avais alors 25 ans. Je commençais ma campagne, mais je compris rapidement qu’une femme non mariée n’était pas le choix des habitants de Boston, qui plus est aussi jeune, je passais donc seconde de liste, devenant adjointe au maire. Plus j’y pensais et plus j’avais envie d’un enfant. Mais je refusais de m’approcher des hommes de façon charnelle.

J’avais rencontré une femme … Une magnifique brune avec qui nous partagions beaucoup de choses. Lorsque nos lèvres se touchèrent, je compris de suite que je tombais amoureuse. Durant plusieurs mois, nous vécûmes un amour sincère, sans nous dévoiler. J’étais de mon côté prête à assumer mon homosexualité, et lorsque je lui parlais d’enfant et de vie ensemble, elle fuit …

Je ne la revis plus jamais. Mais ce besoin d’enfant était toujours là … Je fis donc les démarches nécessaires pour une insémination, devenant mère neuf mois plus tard d’une magnifique blondinette. Continuant mon travail à la mairie, j’élevais mon enfant, en essayant de me montrer maternelle avec elle. Ce qui n’était pas évident au vue de l’exemple que j’avais eu.

Il y a cinq ans, j’ai découvert que les dieux existaient … Une histoire de brume, que je n’ai pas comprise de suite, mais j’ai tout de suite ressenti un danger pour ma fille. Au niveau politique, certains parlèrent de monter une agence, un camp pour former des jeunes pour la guerre à venir. Je me suis proposée de suite. Oh, je n’occupe pas un haut-grade, en tant que femme, je dois faire mes preuves. Et je compte bien les faire. Pourtant, on a essayé de m’en empêché. Vous vous souvenez de cet homme lorsque j’avais seize ans ? Il se présenta sous le nom d’Eros … Un dieu … Autant vous dire que ma haine s’est amplifiée ! Je prie pour que notre enfant ne soit pas dans ce camp … Mais je pourrais la sauver.

Je forme les jeunes, tout en continuant à essayer de trouver une solution pour ramener ma première fille dans le droit chemin. Mais j’ignore qui elle est.