Qu'est-ce qu'on n'est pas capable de faire pour un livre ? (nathan)

Je fermais les yeux au moment où il commença la description du rêve qu’il me réservait, si jamais je devais m’endormir. J’essayais de rendre ses mots vivants et de sentir tous les parfums émanant des plantes mais surtout des fleurs dans leur plus belle floraison. Comment pouvais-je être malheureuse entourer de tant de merveille ? Peut-être qu’un jour, lorsque j’en aurais fini avec l’agence et tout ce monde mythologie, je m’achèterais un énorme terrain pour y réaliser le plus beau des jardins que le monde n’ait jamais vu. Je ne manquais pas d’ambition et la simple pensée de posséder un tel joyau apaisait mes craintes. C’était un idéal auquel je voulais aspirer et Nathan me faisait rêver par de si belles paroles. Il continuait la description de cette utopie en me faisant rentrer dans une demeure où tout autour de moi, il y a une bibliothèque énorme possédant tous les ouvrages de ce bas monde. Puis, me lassant par tant de lecture et surtout par le creux de mon ventre, je me laissais guider par mon odorat pour y ouvrir une salle où mille et une pâtisseries s’étalaient sur une grande et longue table de chêne. Je frémissais de plaisir de pouvoir engouffrer ces gourmandises et d’arrêter cette soif de désir en constatant la lourdeur de mon estomac. Sans m’en rendre compte, j’avais posé ma tête sur l’épaule de Nathan, seul mon sourire heureux montrait la véracité de ses propos. Reprenant mes esprits, je remis un peu de distance entre nous tout en ne pouvant enlever la rougeur de mes joues. Je ne pus esquisser ce commentaire venant droit du cœur. « C’est merveilleux ! Tu commences à bien connaître et si tu me vends trop de rêve, je vais réellement te kidnapper. » Je lui fis un clin d’œil tout en ayant un sourire amusé. Enfin, jusqu’au moment où il aborda le point sensible : nos camps opposés.

Si seulement, c’était aussi simple. Bien sûr, j’étais ravie qu’il me fasse une telle proposition mais, je sentais que tout n’était pas parfait de mon côté. Il n’y avait pas de soucis pour le pacte de non-agression lors de nos temps libres. Cependant, en mission, je ne pouvais rien garantir et je n’avais pas mon mot à dire sur les ordres. Si mes supérieurs me voyaient hésiter, ils se poseraient sûrement des questions et ils arriveraient forcément à cette conclusion que je me suis liée avec l’ennemi. En soi, avec cette journée, j’avais causé ma propre perte et la seule chose qui me restait à faire, était d’éviter les missions et de ne pas parler de cette après-midi. J’allais devoir trouver une raison d’une si longue absence et justifiait ma présence dans un lieu, alors que je n’y étais pas. Encore heureux, j’étais un minimum intelligente et que je savais me débrouiller avec les excuses. Ainsi, je me détachais de son bras pour faire quelque pas dans la salle tout en ayant le regard dans le vide. Je réfléchissais à une réponse et surtout à une solution à ce problème infini. Le choix le plus raisonnable aurait été de ne plus jamais le voir, mais je n’en étais pas capable et j’avais si peu d’amis. Une telle rencontre n’était pas le fruit du hasard et j’avais envie de savoir pourquoi on l’avait placé sur ma route. Je croisais les bras, tout en lui tournant le dos et je m’adressais à lui. « Ce n’est pas aussi simple… Même si je le voulais, je ne sais pas si je pourrais te blesser d’une quelconque manière… A part, si tu voulais me faire du mal. » Je m’arrêtais soudain, ayant une petite idée. « Je t’apprécie beaucoup Nathan mais, mes supérieurs ne sont pas idiots et ils se rendraient forcément compte de ma relation avec l’ennemi. Seulement, je suis maligne et si ça devait se savoir, je passerai un mot à ton ami Cyclope. Je ne veux pas qu’il t’arrive malheur à cause de moi ! » Je me retournais, un sourire amusé tout en signalant. « Comment signons-nous ce pacte ? » C’était risqué d’accepter un tel marché. Seulement,  je ne pouvais laisser cette amitié s’éteindre à cause de mon affiliation.  

Tandis que je lui demandais comment on allait signer le pacte, Nathan sortit ses post-it et son stylo. Je l’observais d’un regard suspicieux, me demandant ce qu’il allait bien pouvoir faire, jusqu’au moment où j’entendis le bruit glissant du stylo sur la feuille significative d’une esquisse. Je restais silencieuse malgré que je fusse gênée qu’il me dessine. Je rougissais, surtout qu’il n’était pas un pied en portrait comparé à moi qui préférais dessiner la végétation. Je souris lorsqu’il commença à caricaturer la façon dont on se tenait auparavant dans les rues de Times Square. Il avait en sorte que le dessin soit en harmonie avec les gravures grecques. Puis, après avoir fini son chef-d’œuvre, il apposa une connotation écrite en grec ancien. Encore une fois, je souris et je sentais mon cœur s’affolé. Je ne savais pas si c’était une bonne chose ce que je venais de faire, étant donné que ce pacte influencera forcément mes prochains contacts avec la Coalition. Pouvais-je me fier au fils d’Hypnos ? Je le devais et je devais surtout croire à ce pacte rendant nos prochaines confrontations des plus intéressantes. Quelle excuse sortirai-je ? J’allais devoir y réfléchir sérieusement car je n’avais pas le droit à l’erreur et ma vie et celle de ce demi-dieu en dépendait.

Par la suite, il colla son post-it sur le mur le plus proche et il s’adressa à moi. J’hochai la tête quand il me demanda son avis sur sa signature et il est vrai qu’il avait du style. Puis, il sortit son portable et je sus sa demande. Je n’aimais pas ces gadgets surtout que c’était le meilleur moyen d’attirer pleins de monstre. Je l’utilisais seulement en cas d’urgence et même nos supérieurs nous déconseillaient d’envoyer des SMS à tout va. J’émis un petit rire quand il fit la comparaison avec les pigeons voyageurs et c’est à ce moment que je sortis mon pigeon moderne : un modèle très classique servant principalement à appeler et à envoyer des texto. Je lui donnais mon portable tandis que je prenais le sien pour y noter mon numéro. « Ce pigeon est le meilleur moyen de finir en bon casse-dalle ! » Il poursuivit en me conseillant une attitude si jamais je devais le rencontrer dans une mission. Je croisais les bras avec un air très sceptique. Comme si c’était aussi simple ! Je levais les yeux au ciel tout en murmurant à son encontre. « Tu me demandes limite de trahir mon camp si jamais on devait se trouver au même endroit lors d’une confrontation. C’est délicat ! Toute façon, je ne suis pas un agent de terrain donc à part si vous envahissez notre QG, il n’y a aucun risque ! » Je fis un petit sourire à ma dernière phrase car si jamais il avait dans l’idée de nous attaquer de front, il n’avait pas idée des technologiques qui étaient à notre porté et qui pouvaient désassembler n’importe quel armé de demi-dieux.

Je me rapprochais de Nathan et je lui tirais sur le bras tout en lui proposant. « Tu sais quoi, partons d’ici et allons voir ce que le jardin botanique a à nous offrir. » J’avais une soudaine envie de sentir le vent du nord balayait mes cheveux et assécher la peau de mon visage, puis que ce froid puisse rendre mes pensées plus lucides. Je passais une bonne journée en compagnie du fils d’Hypnos et je craignais que ça ne soit la dernière si jamais l’un de nos camps l’apprenait.    

Je me mis à rire lorsque je constatai que le portable de Nathan était en grec ancien. Bien sûr, je n’eus aucune difficulté à comprendre, ayant les aptitudes pour cette langue morte et j’étais surprise que le jeune homme se soit habitué à la langue des divinités grecques. J’avais beau être une passionnée de la mythologie gréco-romaine, je n’éprouvais pas le besoin de changer ma langue pour celle-ci. Je préférais mettre une distance entre les dieux et moi. Après tout, j’avais été élevé avec une mentalité contre les olympiens et c’était tout à fait naturel que je me retrouve du côté de l’agence. Le grec ancien m’était utile seulement lors de traduction de vieux livre ou la compréhension de prophétie. Pour le reste, l’anglais était ma langue maternelle et cette mentalité m’avait permis de vaincre ma légère dyslexie. Pour embêter Nathan, au lieu de mettre mon premier prénom dans sa liste de contact, je mis mon second : Adaline.

Par la suite, la discussion tourna vers la réaction que je devais avoir face à Nathan si jamais on devait se croiser en mission. Je n’avais pas beaucoup apprécié sa solution, voyant un tel acte comme une trahison vis-à-vis de mon camp. J’avais beau l’apprécier, je n’étais pas prête à tant de sacrifice pour lui. Malgré de le pacte, je n’allais pas faire semblant de dormir et j’avais toujours la possibilité de le neutraliser avec un bracelet anti-pouvoir. L’agence ne devait pas mettre la main sur lui car ils feraient forcément des expériences sur lui et ils seraient intéressés par son pouvoir sur le contrôle des rêves ce qui éviteraient d’user de torture physique. Nathan avait entre ses mains, une arme intéressante et s’il le voulait, il pourrait être capable de me faire parler s’il usait de peur par le biais de rêve. Tandis que je lui proposais d’aller au jardin botanique en lui attrapant le bras, il me répondit. Sa réponse était franche et je n’aimais pas la façon dont il croyait me voir. Je fis une grimace tout en lui lançant un regard triste et en répliquant. « Je ne veux pas te faire de mal Nathan et la violence n’est pas la clé à tous nos soucis. Fais-moi confiance, je trouverai une bonne solution pour tous les deux ! Au pire, je te kidnapperai ! » Je lui tirais ma jolie langue rose alors que monsieur faisait ses airs faussement déçu vis-à-vis de ce changement de programme. Après sa blague, il se mit à sourire et il me fit un compliment qui eut l’effet de rougir mes joues. Je répondis par un simple sourire timide tandis qu’on sortait du musée pour se diriger vers ce fameux jardin botanique. Pour une passionnée de plante, aller dans ce genre d’endroit était le rêve et j’allais forcément découvrir de nouvelles plantes pour le grand parc près du QG. Même si je paraissais heureuse, j’étais légèrement tracasser par cette histoire de pacte et surtout si l’agence le découvrait. J’avais toujours été loyale et je n’avais pas envie d’être vue comme une traîtresse. Le jeune sang-mêlé remarqua mon inquiétude car il murmura d’une voix rassurante qu’il savait garder un secret et que l’agence pouvait toujours courir pour l’attraper. Je souris un peu naïvement, essayant de croire à cette bêtise et rendant ma réflexion sur le sujet obsolète. « Le Grand Gentil Loup ? C’est une façon intéressante de voir la bête en toi alors ! » Je lui fis une bousculade amicale tout en arrivant devant les portes en acier du jardin. J’approchais en retenant mon souffle et en ayant des étincelles dans les yeux. Une petite allée en dalle blanche s’étalait devant moi où de part et d’autre des arbres et des plantes fleuries accompagnait le chemin. « C’est magnifique. Regarde ! » Je lui montrais du doigt une statue de verdure formant une jeune femme à la longue chevelure blanche.  

J’avais de bien drôle d’idée en présence de Nathan : comme vouloir le kidnapper. Le but n’était pas de lui faire du mal, j’en serais incapable. Par contre, de faire une virée à deux, je ne dirais pas non. Ce fils d’Hypnos était d’une présence des plus agréables surtout qu’il faisait son maximum pour que je sois épanouie. Il avait su lire en moi comme si j’étais un livre ouvert. Pourtant, je n’étais pas le genre de personne à délivrer beaucoup d’information me concernant, certainement à cause de ma formation professionnelle. J’avais appris à écouter, à décortiquer ce qu’on pouvait me dire et à en déduire une hypothèse. Puis, par la suite de montrer la véracité de cette hypothèse. En tout cas, Nathan semblait amusé par ma proposition en se permettant de se nommer conducteur. Je fis la moue tout en lui murmurant dans son oreille d’une voix placide. « N’oublie pas qui te kidnappe et je me donne le choix de diriger l’escapade. » Je me mis à bouffer de rire tout en l’embarquant vers ce jardin botanique. J’avais l’impression d’être le fer attiré par l’aimant. Je sentais cette connexion forte entre moi et la nature. Je devenais énergétique à chaque pas que je faisais, comme si je me nourrissais de ce lien subtil.

Enfin devant de la grille, un calme remplissait mon cœur et j’avais l’impression de flotter littéralement sur un nuage. Mes yeux étincelaient de mille couleurs et je pressais davantage le bras de Nathan. Tandis que je lui pointais une œuvre végétale, il la complimenta. Puis, il ouvrit l’imposante grille et me fit une petite courbette tel un majordome tout en me faisant signe d’entré. Je rougis par tant d’attention surtout quand il continua à m’appeler Princesse. S’il me voyait les mains enduites d’engrais et mes bottes de jardinage, il ne m’appellerait plus princesse. Je retenais le fait qu’il faisait des études approfondies des langues anciennes et de l’histoire de l’art. Pour ma part, je suivais une formation trop spécialisée pour pouvoir intégrer une université vu que les mortels ne traitaient pas des demi-dieux dans leur programme. Ainsi, je devais faire la pédagogue pour l’enfant d’Hypnos et je me permis de prendre un air sérieux mais passionné. Je marchais plus calmement, moins dans l’affolement de tout à l’heure et je m’abaissais à hauteur de la première plante. Je lui fis signe de s’accroupir aussi et je lui disais. « Approche-toi et sens l’odeur de cette fleur qu’on surnomme la rose de Noël. Son nom exact est l’Hellebore niger faisant partie de la famille des Renonculacées comme l’Aconit napel. » Je repris ma respiration tout en continuant et en lui montrant les sépales. « l’Helleborus est constitué de cinq sépales vertes et de cinq pétales blanches mais tournant au rose lors de sa fin de floraison. A savoir que cette plante était considérée comme une plante magique et qu’elle était utilisée en magie noire. » Je me mis à rire en changeant de ton lorsque je prononçai mes deux derniers mots. « Crois-moi que cette espèce est très difficile car elle ne supporte pas les sols acides, elle pousse lentement et uniquement à mi-ombre d’où pourquoi ils l’ont mis un arbuste non loin de ce parterre. » Je lui montre une autre Hellebore qui a ses pétales tâchées de noir. « Celle-ci est infectée par une maladie cryptogamique, c’est-à-dire une maladie provoquée par un champignon. Mais méfie-toi, c’est une plante toxique même si ça ne risque pas de tuer un humain. Ceci peut juste de provoquer des picotements au niveau de la muqueuse buccale, des vomissements ou la diarrhée. Donc, les salades à éviter avec cette plante surtout pour les repas de Noël ! » J’émis un sourire amusé à ma blague de mauvais goût tout en me relevant et en regardant autour de moi. J’essayais de garder en mémoire ce jardin et cette journée si incroyable.

Puis, je me tournais vers mon élève en lui adressant. « Satisfait de mes explications ? A toi de montrer une plante, celle que tu préfères et je te dirai toutes les choses qu’il faut savoir ! » Je me frottais les mains pour me tenir chaud tout en attendant ce que Nathan allait me montrer.

La petite fille de d'Athéna me répond que c'est au ravisseur de choisir la destination. Enfin, elle me dit ça juste avant de pouffer de rire. Alors qu'elle commence à me titrer le bras, je murmure pour moi même : Je t'en pris, surprends moi !


Une fois le portail franchis, j'observe que Mina a un peu rougie de ma courbette, c'est mignon. Quand je lui demande de me parler des plantes qui nous entours, je vois son regard s'illuminer de passion et son visage prend l'air le plus sérieux possible, mais l’enthousiasme de la passion déborde de ses traits. Beaucoup diraient que je suis maso de demander à une descendante de Déméter un « cours » sur les plantes, mais je suis sûr qu'elle va savoir rendre son sujet intéressant, même pour un néophyte tell que moi.


Mina me ramène vers une rose de Noël enfin, je crois que c'est ça. Rapidement elle arrive à son nom commun, c'est bien une rose de noël ou Hellebore machin truc... Elle me parle des pétales et des sépales... les machins verts sous les pétales en fait, de ce que j'ai compris. À ce qui paraît cette fleure était utilisé pour la magie noire, c'est bon à savoir. De ce que ma prof me dit la plante est malade à cause d'un champignon. Mina conclue son exposé sur une info des plus élégantes. Je rigole à sa remarque sur la diarrhée de noël.


Franchement, si mes profs m'avaient sorti ce genre d'info, je pense que je me serais plus intéressé aux sciences.


Elle me demande si je suis satisfait. Je lui réponds avec un grand sourire :



Très satisfait, t'es une super prof de botanique... Voir même l'une des meilleures prof que j'ai eu tout cours en fait.. Et pour la prochaine plante je te propose... celle-là. lui dis-je en pointant une petite fleure aux pétale violacé. Une pensé d'hiver si je ne m'abuse.


Je la regarde en souriant, attendant sa confirmation.