Il l’avait invitée pour aller voir un opéra, avec des yeux si attendrissants qu’elle n’aurait pu dire non, même si elle l’avait souhaité. Elle l’avait embrassé pour guise de réponse, lui demandant ensuite quand était la séance, et quel était le titre. Elle fut étonnement surprise lorsqu’il lui proposa d’aller voir Cendrillon, et l’avait embrassé à nouveau, heureuse de pouvoir voir l’adaptation de ce conte qu’elle avait tant aimé. Il la connaissait, c’était certain. Rien de bien étonnant, ceci dit, en sachant qu’ils sont mariés depuis plusieurs millénaires déjà. Des siècles de bonheur et de colère, d’amour et de misère. Il la rendrait folle, elle le craignait. Car elle l’aimait trop, beaucoup trop, plus que la raison ne le dictait.
Les jours se succédèrent sans grand drame, jusqu’à celui tant attendu du spectacle. Cela faisait deux mois que le couple essayait sans arrêt – et, par là, je veux dire, sans arrêt, si vous voyez ce que je veux dire. C’est ainsi peu étonnant qu’un jour, Perséphone se sentit différente, presque nauséeuse. Elle réussit à cacher tout ceci de son époux habilement, et alla contacter sa famille pour être certaine de ce qui lui arrivait. La décision était sans appel : elle était enceinte. Ce fut une joie absolue, et elle mourrait d’envie de le révéler à son époux. Pourtant, la jeune déesse décida d’attendre, histoire de choisir le moment parfait. En descendant des cieux, elle concocta le plan parfait pour lui annoncer la nouvelle. Hadès serait enchanté, elle en était sûre.
Voici une des raisons pour laquelle Perséphone mit autant de temps à se préparer, l’autre raison étant qu’elle aimait prendre soin d’elle afin d’être certaine que sa tenue était parfaite. Une fois sûre de celle-ci, elle sortit de la chambre pour rejoindre son époux. Sa robe de satin rouge épousait ses courbes sensuellement, fendue sur le côté pour laisser apparaitre une longue jambe magnifique. Son décolleté n’avait rien à envier du reste : suffisamment profond pour attirer les regards, mais pas assez pour en devenir provoquant. Le collier qui ornait son cou valait probablement plus cher que les bijoux réunis de tous ceux qui seront dans la salle – un avantage certain d’être mariée au dieu du monde souterrain. Ses cheveux, eux, étaient délicatement redressés en une coiffure élégante.
Perséphone s’avança lentement vers son mari, rectifia son nœud de papillon qui n’avait pas vraiment besoin de rectification, et l’embrassa sur les lèvres.
-Je t’aime, époux. On y va?
Elle glissa son bras dans le sien, et sortit de la maison. Elle l’avait supplié de ne pas gâcher son entrée en se téléportant là-bas – elle voulait arriver dans une voiture si luxueuse que l’on ne regarderait qu’eux. Un peu superficielle? Oui, elle l’était. Mais bon, on peut l’être, quand on est une déesse.