[Mission] Des hurlements de terreur

C’était vraiment la panique au sein du camp. La veille, des hurlements avaient réveillé tout le camp, faisant naître des frissons d’horreur dans chaque sang-mêlé. Bien sûr, quelques-uns s’étaient tout de suite mis en tête d’aller voir ce qu’il s’était passé, à l’extérieur du camp. Mais les ordres étaient clairs : nous n’avions pas le droit de sortir du camp et nous devions absolument rester, nous préparant bien sûr au combat. Comme vous devez vous en douter, certains adorent défier la hiérarchie. Certains vous diront que je fais partie de ces gens-là, mais non … Je suis bel et bien resté au camp, essayant de m’exercer sur mes pouvoirs, croisant les doigts pour que tout le monde fasse de même.

Mais non … Il a fallu qu’un crétin sorte. Oui, un des nôtres a pensé que c’était un sang-mêlé qui était en danger. Pourtant, aucun absent n’avait été repéré, même s’il est très difficile d’en être sûr vu que nous sommes beaucoup et surtout, certains sortent parfois passer la nuit à l’extérieur. Le lendemain, l’imbécile n’était pas revenu. Rapidement, on demanda des volontaires pour partir à sa recherche. Pas la peine de réfléchir, j’avais levé la main, sûre de moi. D’après ce que j’avais compris, j’allais être bien entouré.

J’avais réussi à bien dormir cette nuit-là. Sachant pertinemment que la suite allait être fatigant, j’avais été me coucher tôt, espérant ne pas faire de rêves agités. Je croisais les doigts pour que Nate pense à moi et me permette de dormir en paix. Je m’étais levée à 4h00 du matin afin de préparer cette mission. Sachant qu’il ne faisait pas bien chaud, nous sommes encore en hiver, je mis un pantalon style militaire, assez chaud, un tee-shirt en coton kaki, des bottes à talons de couleur noire. Oui, vous ne m’enlèverez jamais mes talons, c’est une question d’équilibre.

Dans mon sac, j’ajoutai une polaire bien chaude, une lampe torche, une corde et des lunettes infra-rouge. J’attrapais mon arc, que je mis à mon épaule. Mon atamé était à ma ceinture. Quelques flèches dans mon carquois et me voilà prête. Mes cheveux en queue de cheval, je mets tout de même un déodorant dans mon sac à dos. Hors de question que je sente le poney aux côtés de Jan et de Nate.

Me voilà donc sur le chemin pour les rejoindre à l’entrée du camp. Un sourire sur les lèvres, histoire de cacher une certaine inquiétude, je lance aux deux hommes qui sont déjà là :

« Quelle chance ! Deux hommes pour moi toute seule … Vous êtes prêts ? »

Pour une fois, je ne suis pas énormément loquace. Lorsque je pars en mission, je revêts en quelque sorte le costume d’une personne réfléchie et relativement sage. Oh bien sûr, je suis toujours moi-même et la petite phrase que je lance au départ montre bien que vous avez toujours à faire à la Princesse Taylor, ne rêvez pas ! Mais j’observe … Tandis que nous sortons du camp et que nous avançons, tranquillement. Je salue la relève du matin, d’un petit signe de la main, avec un petit clin d’œil à un fils d’Apollon avec qui j’ai rendez-vous à mon retour.

Nous continuons à marcher, difficilement dans cette végétation sauvage qui cache l’accès au camp. Je reste légèrement derrière, connaissant parfaitement mon meilleur ami. Il est bon en orientation et surtout, il a toujours eu une petite âme d’enquêteur. Moi, je suis une quiche et je serai capable de me perdre dans mon bungalow. Soudainement, Jan nous parle de stratégie. C’est vrai qu’on n’en a pas parlé, ce qui n’est pas fort malin. La petite taquinerie de Nathan me fait doucement sourire, tandis que mon regard se pose sur le fils d’Hypnos. Si je l’évite un peu moins en ce moment, je me sens encore un peu mal à l’aise par rapport au baiser que je lui ai volé. Lorsqu’il fait référence au rigolo ou au mec qui se tape la jolie fille, je ne peux cependant pas empêcher mon naturel de venir au galop. Il faut dire qu’une telle perche ne peut que se saisir :

« Il ne tient qu’à toi d’obtenir les deux rôles … Mais tant que la jolie fille s’en sort, ça me va. Bon sérieusement, il me semble logique qu’on reste groupé. On est que trois, et être seule n’est pas une solution. Jan, je sais que tu as ce don pour pister … Je suis donc comme Nate, je te suis à ce niveau là … On aurait peut-être dû faire notre inventaire. J’ai des lunettes infra-rouge, une corde et une lampe-torche. On a pas besoin de briquet si on a besoin de feu, c’est déjà une bonne chose. «

Je souris légèrement, et m’avançant vers Jan :

« Tu as trouvé quelque chose ? »

J’ai beau regarder, je ne vois rien … Quand je dis que je ne suis pas douée dans l’art du pistage. Mais on a super Jan avec nous !

Si Jan pensait vraiment que des personnes du camp ignoraient nos petits agissements dans son bungalow, il se mettait le doigt dans l’œil. Je ne le cachais nullement et je n’avais pas à en avoir honte. J’étais célibataire et lui aussi. Même si, au fond, mon cœur appartenait déjà à quelqu’un, je continuais à me voiler la face, refusant d’admettre qu’un seul homme me donnait envie d’avoir, enfin, une relation exclusive et sérieuse. Et vous l’avez bien compris, cet homme se trouvait près de moi, tandis que je tentais, comme à mon habitude, de le taquiner. Mais ses paroles me firent faire volteface.

Mes joues virèrent au rouge vif et je détournais le regard, déglutissant difficilement. Moi qui pensais que ces quelques jours à l’éviter passeraient inaperçus … Non, non … Et le fils d’Hypnos n’hésita pas à me le faire remarquer. Je devais à tout prix faire comme si de rien n’était, nous partons en mission, bon sang ! Mais … Il a aimé m’embrasser … Et il aime le son de ma voix … Je ne sais plus où me mettre. Je comprends soudainement ces gens qui parlent de papillons qui naissent dans le ventre. J’ai tellement envie de craquer … Mais je ne peux pas : Absynthe Taylor ne tombe pas amoureuse.

J’écoute les garçons me répondre sur leur inventaire et je me rends compte que je suis un boulet. Boisson ? Vivres ? J’ai complètement zappé de prendre cela … Pensant naïvement que nous serions vite rentrés. Je leur dis ? Ou pas … Je ne sais pas.

« Je suis idiote … J’ai complètement oublié de prendre des vivres et de quoi boire. Oui, lapidez-moi. »

Là, je me sens conne. Mais bon, je sais tenir sans manger, peu importe. Pour l’eau, il y aura bien une rivière où je pourrais boire ou au pire, je ferai avec. Jan m’explique rapidement comment il a fait pour pister quelqu’un, me parlant de branche cassée. Je m’accroupis et je regarde un peu. Oui, en effet … Mais ça ne peut pas être un animal ? Ou juste le vent ? De toute façon, nous n’avons pas le choix, nous devons suivre notre pisteur. Je fais un signe de la main, faisant une légère courbette :

« Après toi, alors … On a un semblant de stratégie, un inventaire et ce qui semble être une piste, ça ne sert donc à rien de rester là. »

Action:

Bon, nous étions en mission. Il fallait à tout prix que je reste concentrée là-dessus et que j'arrête de penser au beau brun qui suivait, avec moi, la piste de Jan. Je devais arrêter de penser à Nate. Bon d'accord, vu qu'il est à mes côtés, cela n'est pas facile, mais nous devions à tout prix retrouver notre abruti de camarade qui avait décidé de partir seul dans cette contrée inconnue et hostile. Nous avions beau n'être qu'à quelques mètres du camp, je ne me sentais pas vraiment rassurée. C'était ma toute première mission, et si j'étais fière que l'on m'est enfin permis de montrer mes vraies valeurs, je n'étais qu'une débutante dans ce genre de situation.

Je suivais donc Jan, qui semblait réellement être sur une piste. Je remarquais bien quelques buissons écrasés à certains endroits, mais cela n'était pas évident pour moi. Pour le fils de Borée, cela semblait couler comme de l'eau de source. Durant un bon quart d'heure, je suis, sans dire un mot, adressant simplement un sourire aux garçons qui me promettent de partager leurs vivres. Jan s'arrête alors, expliquant que quelqu'un s'est battu ici. Je me demande comment il peut être aussi sûr de lui. Soudain, alors qu'il parle de connaissance sur les armes, je comprends.

"Comme ça, à première vue, je dirais qu'il s'agit d'une dague et d'une épée, au vue de la longueur, mais je ne suis pas une experte ..."

Du sang ? Immédiatement, à ces mots, je fais apparaitre une boule de feu et je cherche des yeux, silencieusement, le moindre indice pouvant nous aider à comprendre ce qu'il s'est réellement passé. Je cherche, et je le sais, la présence de magie. Car si les garçons sont des experts en matière de pistage et de créatures mythologique, je lui suis dans mon domaine: la magie.

Nathan vient de faire référence à de grosses griffes. Un ours ? C'est possible ? Bon sang, il faut vraiment que je potasse mes livres sur les créatures magiques ... Bon, cherchons ... Magie, magie, es-tu là ? Si tu es là, tape trois fois ...

Spoiler:

Pour l’instant, j’ai plus l’impression d’être un boulet qu’un aventurier. Entre la nana qui oublie les vivres, celle qui est une merde en pistage et qui n’a que peu de connaissance en créatures magiques. Sérieusement, j’avais juste hâte qu’un combat ait lieu, que je puisse me sentir bien plus utile. Quand on a une carrière de mage comme la mienne, c’est ce que l’on attend. Mais je suis consciente d’être aussi une novice en certains domaines. N’est-ce justement par pour cela que nous sommes plusieurs à partir en mission ? Bon, reste attentive Asby, et surtout, ouvre les yeux et essaie de voir si personne ne nous attaque.

Je suis doucement Nathan, qui, concentré dans ses recherches, tombe sur une matière assez gluante. Rapidement, il nous dit que c’est de l’ectoplasme. Cela fait tilt dans ma tête, et avant que je puisse en faire part, Nate se met à s’énerver. Un spectre … Oui, c’est ce que je pensais aussi … Ou un médium qui serait rentré ici en transe. En voyant le jeune homme dans cet état, je décide de jouer la voix de l’optimisme. Bon, je sais qu’il y a plus de probabilités que l’on tombe sur un spectre plutôt que sur un médium, mais après tout …

« On est ici pour récupérer notre camarade … Et même s’il y a de fortes chances pour que ce soit un spectre, il se peut aussi qu’un médium soit entré en transe juste ici. Il ne faut laisser de côté aucune piste de côté. Continuons … On ne va pas faire demi-tour et laisser un des nôtres aux prises de quoi que ce soit. »

Il était hors de question pour moi que nous abandonnions là. Je fais signe à Jan afin que nous continuions à avancer, histoire qu’il cherche des autres indices pour suivre notre trace. Je me permis quand même de demander :

« Dans l’optique où l’on tombe sur un spectre, comment on fait ? On ne peut le tuer mais y’a pas une histoire de bannissement ? »

Je tente de lancer des idées. Si je ne m’y connais pas beaucoup en fantôme, l’un de mes deux camarades sait peut-être le protocole.

Nous étions face à un dilemme : continuer et improviser si nous tombions sur le spectre, ou rechercher le cadavre, en priant pour que ce soit le bon et trouver un objet sur lui. L’idée de voir un mort me donnait un peu la nausée mais lorsqu’on part dans ce genre de missions, il faut s’y attendre. Il est rare que ce soit un monde de bisounours où tout se passe bien, avec des rencontres de licornes et de poneys … Non, il fallait que nous fassions un choix, et j’avais l’impression que les garçons attendaient que j’use de mon charisme pour les convaincre de faire le bon choix.

Soupirant, je restais quelques minutes silencieuses, réfléchissant justement à ces deux choix. Si nous continuions et tombions sur un spectre, il était clair que nous serions tous dans la merde. Et au lieu d’avoir un mort sur les bras, il risquait d’y en avoir plus. Etais-je prête à prendre ce risque ? Si j’étais seule, la réponse serait oui … Mais là, la vie de Jan, mon meilleur ami, était en jeu. Sans compter sur la vie de Nate … Je ne sais comment je réagirais s’il venait à périr … D’ailleurs, rien qu’à cette pensée, je sentis une boule se former dans ma gorge et je compris que je serai inconsolable.

La deuxième solution comportait certes un risque pour notre camarade. Mais il était peut-être déjà mort, non ? Alors certes, si nous arrivions trop tard, avec juste des minutes de retard, nous risquions de nous en vouloir. Mais nous serions bel et bien en vie. Non, finalement, le choix me semblait plus facile, d’autant plus que Nathan semblait sûr qu’il s’agissait d’un spectre. Alors autant lui faire confiance, il avait bien plus de connaissances que moi sur ce domaine.

« Ecoutez les gars, cela me semble assez simple. Soit on y va comme ça, avec le risque de perdre la vie face à ce spectre, soit on prend une heure pour chercher ce foutu cadavre. Notre camarade est peut-être déjà mort … Je préfère qu’on bannisse cet esprit, et qu’on soit certain d’être tranquille et qu’il ne fasse plus de dégâts. Allez, cherchons ce mort. »

Je fis un signe à Jan, qui reprit donc sa recherche d’indices. Je fis de même, cherchant des autres traces d’ectoplasme.